Depuis la promulgation de la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte, la France fait figure de pionnier dans le domaine de la réparation. Décrétée priorité nationale, elle vise à réduire la production de déchets, à transformer les modes de consommation des Français et à privilégier l’économie circulaire. Le 1er janvier 2020, la loi anti-gaspillage a même imposé la présence d’un logo de réparabilité sur les appareils électroniques et électriques. Quelles initiatives les autres pays européens prennent-ils pour encourager leurs citoyens à réparer plutôt qu’à jeter ?
Les initiatives à l’échelle locale incitant à réparer
Sensibiliser le consommateur
Des manifestations sont organisées dans les écoles en Belgique et aux Pays-Bas, afin d’attirer l’attention des plus jeunes sur l’importance de l’économie circulaire. En outre, des événements à destination de tous les citoyens se déroulent chaque année, à l’image du « Repair Day », la journée internationale de la réparation ayant lieu en octobre au Royaume-Uni.
Favoriser l’auto-réparation et la co-réparation
De nombreuses villes européennes, notamment belges et néerlandaises, accueillent un Repair Café, atelier dans lequel des outils sont mis à la disposition des consommateurs pour réparer leurs appareils défectueux. Des bénévoles encadrent également les bricoleurs novices. Ce système se décline au Royaume-Uni sous l’appellation Restart Parties avec deux-cent-cinquante locaux et en Autriche et en Allemagne avec quinze Reparatur-initiativen. D’autres structures d’économie sociale et solidaire réparent et revendent les produits d’occasion. Elles se sont essentiellement implantées au Royaume-Uni, avec le réseau Furniture Reuse, aux Pays-Bas, avec FKN et en Belgique avec Ressources et Komosie. Solidaires, économiques et écologiques, ces réseaux d’entraide confèrent aux produits une seconde vie.
En outre, l’implantation des nouvelles technologies dans la plupart des foyers a vu le développement des sites Web et autres plateformes en ligne. Ils diffusent des vidéos explicatives et hébergent des forums sur lesquels les particuliers échangent des conseils, voire des services. Au Royaume-Uni, la plateforme principale comptabilisait soixante-dix-neuf millions de vues sur Youtube en 2018.
Créer des réseaux de réparateurs professionnels
Dans le but de répondre à la demande croissante des utilisateurs, certains organismes forment des réparateurs professionnels, comme Zero Waste Scotland au Royaume-Uni et instaurent des fédérations. Ainsi, Nelectra en Belgique réunit des réparateurs et des installateurs, tandis qu’Uneto-uni, aux Pays-Bas, leur associe des détaillants. Par ailleurs, des plateformes anglaises, néerlandaises et autrichiennes listent, sur Internet, les professionnels habilités à la réfection d’appareils électroniques. D’autres répertorient les distributeurs de pièces détachées dans vingt-et-un pays européens, tels que le Danemark, la Finlande, la Hollande, la Slovaquie et l’Irlande.
Les actions nationales soutenant la réparation
Des labels qualitatifs
Afin d’informer les consommateurs, des étiquetages qualité ont été apposés sur les électroménagers. Nommés « Which ? » au Royaume-Uni et « Stiftung Warentest » en Allemagne, ils guident le consommateur vers le bien le plus écologique. A ce jour, seule l’Autriche dispose d’un logo de réparabilité et d’informations détaillées sur les manipulations de montage et de démontage. Toutefois, aux Pays-Bas, les membres de la fédération Uneto-Uni disposent d’un label mettant en avant leurs actions.
Des aides fiscales
En Europe, certains pays incitent fiscalement les habitants à faire réparer leurs appareils. Tandis que la Suède a instauré une déduction fiscale de 50 % sur le coût de la main-d’œuvre, la Belgique a mis en place l’écochèque. Distribué par les employeurs, ils permettent de rémunérer un réparateur agréé. Enfin, la ville de Gratz, en Autriche, subventionne les consommateurs ou les techniciens professionnels à hauteur de la moitié du montant de la réfection.
Une réduction de la TVA
La Belgique, les Pays-Bas et la Suède ont respectivement choisi de baisser leur TVA à 6 % et à 12 % sur les réparations et les achats de produits durables.
Le prolongement des garanties
Afin d’encourager les citoyens à ne pas remplacer leurs téléviseurs, leurs réfrigérateurs et leurs ordinateurs par un modèle neuf, une extension de garantie est incluse dans le prix de vente au Royaume-Uni. En Autriche, celle-ci est même réinitialisée si le bien est réparé avant son terme.
Des progrès nécessaires
Certaines associations commencent à avoir un impact, comme par exemple Right to Repair qui se bat pour faire reconnaitre le Droit à la Réparation.
Néanmoins, il n’existe encore, en Europe, aucune obligation d’informer le consommateur sur les moyens de réparer son bien, lors de l’achat. En outre, il n’y a pas de fédérations de réparateurs en dehors de la Belgique, du Royaume-Uni et des Pays-Bas. En conséquence, des efforts doivent encore être accomplis.