Où en est la réparabilité dans le Monde ?

Alors que la France juge l’obsolescence programmée comme étant un délit, le pays souhaite plus de transparence pour les consommateurs et met en place un indice de réparatbilité, obligatoire au 1er janvier 2021 sur les appareils électroniques et électriques, en rayon des grandes surfaces. A l’échelle régionale, la Commission européenne a parallèlement mené une étude, en 2018, intitulée Scoring System on Reparability et voulait à créer un écolabel, incitant les consommateurs à réutiliser leurs biens plutôt qu’à les jeter pour protéger la planète. Une subvention de dix millions d’euros a d’ailleurs été attribuée au développement de l’économie circulaire. Si le chantier de la durabilité à l’air d’avancer en Europe, qu’en est-il des mesures prises dans le reste du monde ?

Les initiatives institutionnelles

L’Organisation des Nations Unies a lancé un plan mondial pour l’environnement, encourageant l’allongement de l’espérance de vie des produits. Elle dirige le réseau One Planet Network qui regroupe des gouvernements, des associations, des membres de la société civile et des partenaires économiques internationaux. Le programme « Consumer Information » adresse des recommandations afin de promouvoir l’économie circulaire et réalise des études de cas dans des entreprises durables, spécialisées dans le recyclage et la réparation.

Les actions menée à l’échelle nationale en faveur de la réparation

La promulgation de lois

La Corée du Sud a été l’un des premiers pays à imposer la disponibilité des pièces détachées durant sept à neuf ans. Toutefois, le respect de cette mesure n’est pas suffisamment contrôlé. Aux Etats-Unis, le « Motor Vehicle Owners’ Right to Repair Act», promulgué en 2012, confère aux citoyens le droit de réparer leurs véhicules et d’être informés sur les techniques, les outils, les pièces et les plans indispensables au démontage. Une loi similaire concernant les électroménagers est à l’étude. En France, c’est actuellement la loi anti-gaspillage qui fait avancer de nombreux débats.

La création de labels qualité

Afin d’éclairer les consommateurs lors de leurs achats, l’organisme Protégez-vous, a instauré au Québec, depuis 2016, un « Sceau » apposé sur des produits variés. La catégorie « électroménagers » est notée selon la durabilité des appareils et leur réparabilité. L’idée est déclinée en Nouvelle-Zélande, sous l’appellation « Consumer ».

L’essor de la formation des professionnels

Afin de répondre à une demande en constante augmentation, des centres de réparation, tel The Baver, forment des techniciens en Australie. Au Japon et en Corée du Sud, ce sont respectivement des associations, comme J-HARB ou les fabricants qui occupent cette fonction. Ces professionnels agréés appartiennent d’ailleurs au réseau E-Reuse Network aux Etats-Unis.

Des entreprises spécialisées dans le domaine de la réparation des déchets voient le jour au Japon, en Corée du Sud, au Brésil et en Australie. Ainsi, à São Paolo, la coopérative Geração Ecotrônicos restaure et reconditionne des ordinateurs, trouvés dans des décharges publiques, puis les revend. Des réparations, garanties trois mois, sont également effectuées sur des équipements électroniques apportés par des particuliers.

Promouvoir l’auto-réparation et la co-réparation

Afin d’aider les consommateurs à réparer eux-mêmes leurs objets, de plus en plus de tutoriels vidéos sont postés en ligne sur des plateformes dédiées à la réparation. Elles se sont développées au Japon et surtout aux Etats-Unis où la chaîne mondiale Ifixit totalise des millions de vues sur YouTube, dans plusieurs langues. Outre ces supports médias, les consommateurs peuvent être formés dans les deux-cent-cinquante Fixit Clinic. Des ateliers, nommés Repair Cafés, s’implantent sur tous les continents et quelques acteurs comme Spareka démocratisent l’auto-réparation. Au Canada, des Réparothons sont organisés plusieurs fois par an. Reprenant la formule des Restart Parties anglaises, ces manifestations gratuites et solidaires réunissent des réparateurs bénévoles et des utilisateurs d’appareils endommagés.

Les contributions des associations

Membres très actifs de la société civile, les associations et les ONG conduisent des recherches sur la réparabilité. Au Québec, Equiterre a publié le rapport « Obsolescence des appareils électroménagers et électroniques », tandis que Greenpeace a établi une liste des cinquante biens de consommations les plus vendus et les a classés du plus facile au plus difficile à restaurer pour alerter l’opinion. Les Etats-Unis sont, quant à eux, à l’avant-garde de la réparation depuis plusieurs années, avec le lancement de la Repair Revolution, suite à la pétition et campgane The Right to Repair lancées par Nathan Proctor.

We believe in the right to repair

Des améliorations envisageables

En dépit des initiatives prises à l’échelle mondiale, nous remarquons qu’il n’existe encore ni réseau d’économie sociale et solidaire, ni de réduction de la TVA sur les réparations, ni d’aides fiscales pour les particuliers. Plus précisément, l’Australie, la Corée du Sud et le Japon ne communiquent pas d’informations au sujet des modes de réparation sur leurs appareils et ne possèdent pas de fédération regroupant les réparateurs, tout comme les Etats-Unis.

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