Covid-19 : après la crise, choisir l’économie des produits durables et réparables

Source : Le Monde – Tribune publiée par HOP / Halte l’Osbolescence Programmée et signée par vingt entreprises durables dont Spareka, demandant au gouvernement de ne pas modifier ni reculer la mise en application de la loi anti-gaspillage.

Covid-19 : après la crise, choisir l’économie des produits durables et réparables

 

Des voix s’élèvent pour revenir sur les acquis écologiques

La crise sanitaire actuelle n’est pas sans risque pour l’écologie. En effet, à Paris comme à Bruxelles, certains acteurs de l’industrie ou des fabricants se mobilisent pour remettre en question des textes déjà débattus et adoptés, en arguant de leur incapacité à mettre en œuvre ces mesures écologiques en temps de crise économique. Parmi les textes remis en question par certaines organisations figure la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, promulguée en février dernier. Celle-ci contient des dispositions sur les déchets et le plastique, mais aussi sur la durée de vie des produits, la réparation et l’information du consommateur, visant à transformer notre manière de produire et de consommer.

 

Une transition indispensable à l’heure de la relance

Si les difficultés des entreprises doivent être prises en compte par le Gouvernement et peuvent justifier des ajustements de calendrier à la marge, celles-ci ne doivent pas faire perdre de vue l’impératif de la transition vers une économie plus sobre en ressources et plus circulaire. La crise que nous traversons nous oblige à repenser notre modèle économique et sociétal à l’aune de la durabilité. Les mesures de relance doivent être étudiées à la lumière de cette transition nécessaire vers une production et une consommation plus soutenables, qui favorisent l’allongement de la durée de vie des produits

 

Allongement de la durée de vie des produits : les solutions sont là

Nouvelles ou en transition, les entreprises pionnières existent déjà, comme le montre la vingtaine d’entreprises membres du “Club de la Durabilité”. Elles interviennent à tous les stades du cycle de vie du produit, de la conception jusqu’à la fin de vie pour proposer des produits durables et réparables. Nouveaux fabricants de bouilloires ou d’enceintes entièrement réparables et modulaires, entreprises de la réparation et de l’économie de la fonctionnalité, distributeurs qui se tournent vers la location, vendent des pièces détachées ou orientent les clients vers les produits les plus durables, les initiatives ne manquent pas. 

L’explosion du reconditionné et de la vente d’occasion, notamment sur Internet, participent à la formation de cet écosystème. Les alternatives au tout-jetable ne s’arrêtent pas à l’électronique : elles concernent l’automobile, le textile, les meubles et même l’immobilier.

 

Faire de la durabilité un avantage stratégique européen

Non seulement vertueuses sur le plan écologique, ces entreprises principalement européennes démontrent que l’économie des produits durables et réparables peut être un avantage stratégique dès aujourd’hui, et a fortiori demain. Les entreprises françaises peuvent se démarquer, et elles le font déjà, sur le terrain de l’économie circulaire et de la durabilité des produits, secteur qui représentait en 2016 environ 800 000 emplois. La feuille de route pour l’économie circulaire présentée en avril 2018 avait pour ambition de créer 300 000 emplois supplémentaires, notamment grâce à l’application de la loi anti-gaspillage.

77 % des Européens déclarent préférer réparer leurs produits plutôt que de les remplacer. Cette volonté forte se heurte pourtant dans les faits à de nombreux obstacles : difficile de choisir un produit durable sans information au moment de l’achat, de réparer sans garantie sur la qualité du service ou les délais ou lorsque ça coûte plus cher que de racheter neuf… En France, la loi anti-gaspillage a posé les jalons d’une consommation plus durable en facilitant les solutions grâce à des mesures comme comme l’indice de durabilité, le fonds réparation, la priorité au réemploi et à l’économie circulaire dans la commande publique, la disponibilité des pièces détachées, l’éco-conception, etc. Ces politiques seront d’autant plus pertinentes qu’elles s’inscrivent dans une dynamique internationale : à ce titre, le Green Deal européen doit aussi être soutenu. 

Nous, associations et entreprises conscientes de l’urgence écologique et des attentes des citoyens, demandons à ce que le cap de la loi anti-gaspillage soit au minimum maintenu pour passer enfin au monde d’après, un monde dans lequel les produits sont conçus pour durer, être donnés, loués, reconditionnés ou réparés, en cohérence avec l’existence d’une seule planète Terre sur laquelle prospérer. 

 

Signataires :

Christophe Cote, Fondateur de Adopte Un Bureau, Benoit Delporte, Co-fondateur de Magarantie5ans.fr, Matthias Huisken, Directeur général iFixit Europe, Nicolas Jaquemin, Co-fondateur de Craft ‘n Sound, Régis Koenig, Directeur de la politique services de Fnac Darty, Pierre Lemaire, Aftersales Manager du Groupe ADEO, Geoffroy Malaterre, CEO et fondateur de Spareka, Xavier Marichal, administrateur délégué de Usitoo, François Marthaler, directeur de why! open computing SA, Kareen Maya Levy, Présidente de Kippit, Adrien Montagut, Co-fondateur de Commown, Olivier de Montlivault, CEO et Fondateur de SOS Accessoire, Guy Pezaku, CEO de Murfy, Anne Quemin, Directrice de la Communication et de la Marque, Groupe Leboncoin, Samuel Sauvage, Président de HOP / Halte à l’obsolescence programmée, Sebastien Tréguier, Responsable Achat et Marketing de Bureau Vallée, Vianney Vaute, co-fondateur de Back Market

 

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