ECOLOGIE | Les innovations numériques au service de l’écologie.

 « La consommation collaborative, un atout pour la transition énergétique et écologique ? » était le thème du colloque qui s’est tenu le mardi 17 mai 2016 dans les locaux du Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer en collaboration avec l’Institut National de la Consommation INC à Paris. L’équipe de Spareka a assisté à cette grande discussion réflexive et vous fait un résumé* ci-dessous.

Depuis les années 70, la prise de conscience des limites écologiques de la planète s’est considérablement étendue dans les pays occidentaux. On assiste depuis quelques années à l’émergence d’initiatives en faveur de modes de production et de consommation plus responsables, et qui connaissent un essor récent grâce au numérique et à sa démocratisation.

Etude sur la consommation collective en France

L’étude présentée en introduction a été menée par NOMADEIS et TNS Sofres, elle s’est intéressée aux start-ups notamment françaises et américaines – les deux pays leaders au niveau international – qui participent au développement de la consommation collaborative. Les secteurs d’activité concernés sont en premier lieu de l’ordre du déplacement, du transport et du logement, ensuite de l’approvisionnement nutritif et d’équipements de toutes sortes. Toutes les start-ups retenues pour cette étude exercent une activité en accord avec le partage et/ou la lutte contre le gaspillage.

La consommation collaborative, une consommation durable ?

Les invités étaient Dominique Roux, Alain Geldron, Eva Sadoun et Frédéric Griffaton**. Le discours général était nuancé par deux points de vue qui se complètent. L’un reposait sur le partage et prônait l’emprunt, le troc et la consommation collective. Les participants mettent à disposition leurs propres biens et/ou services gratuitement ou quasi gratuitement au service d’inconnus. La praticité de ce genre de système semble incontestable. Parfois, nous avons des besoins uniques ou occasionnels et chacun de nos achats ne se retrouvent pas rentabilisés. Les mettre à disposition des autres s’inscrit de cette manière dans une consommation collaborative et durable. Tout cela s’organise dans une démarche d’entraide au sein d’une communauté numérique, même s’il semblerait que selon les études faites les motivations seraient avant tout d’ordre économique.

conso-collaborative

Un soupçon différent mais pas en contradiction, la parole d’Alain Geldron expliquait qu’il était préférable que chacun ait son propre bien plutôt que de solliciter un objet d’un autre qui serait alors usé deux fois plus vite. Notamment pour les appareils du quotidien comme le lave-linge qui a en plus une durée de vie fortement limitée. Pour lui, il faut avant tout arrêter de jeter inutilement ; le don, la revente ou la réparation sont des solutions face au gaspillage et en faveur de l’écologie. A noter que lorsqu’on opte pour un produit de seconde main dans une optique écologique, un neuf est probablement acheté par le vendeur. De plus, consommer collaborativement semble un acte noble pour notre conscience et a tendance à nous faire consommer plus. Cela peut donc produire un effet rebond et entraîner indirectement plus de consommation de la part de tous les acteurs.

L’idéal pour la consommation durable serait donc de ralentir la surconsommation et de garder un produit qui fonctionne ou de prolonger sa durée de vie lorsqu’il est possible, et d’avoir recours à la consommation collaborative pour des utilisations plus occasionnelles.

Comment tendre davantage vers la consommation collaborative et la rendre efficace ?

Les enjeux environnementaux concernent et dépendent de l’ensemble de la population. Pour que la consommation collaborative ait un impact efficace, il faut donc qu’elle se généralise. Maintenant que la majorité des français a conscience de la problématique environnementale, il faut l’inviter à agir dans ce sens. Pour les intervenants, un changement de comportement des consommateurs est primordial pour réussir à faire de la consommation collaborative un atout pour la transition énergétique et écologique. Le numérique semble être un moyen efficace grâce à l’essor de start-ups. Ces nouvelles entreprises doivent entraîner un nouveau paradigme et tendre vers une économie de fonctionnalité. Un bien serait alors davantage acquis pour son usage et son utilité en soi plutôt que du bien lui-même (et de ce qu’il peut représenter socialement par exemple). Ainsi on ralentit la surconsommation et les fabricants seront poussés à faire des produits avant tout de qualité et durables.

Koolicar est une application qui permet de louer les voitures de particuliers. Le numérique permet de décloisonner les relations entre les gens qui n’ont plus besoin d’entrer en contact avec les acteurs d’une transition. L’équipe a développé une technologie de pointe et sécurisée, un boîtier installé dans les voitures permet de les déverrouiller grâce à une application. De cette façon, on se détache de l’aliénation des objets et s’autorise à les partager avec des inconnus en toute confiance. C’est sûrement dans cette réticence que réside la plus grande difficulté de Koolicar de se développer. Bien que d’autres, toujours attachés à leur voiture, voient ce système comme étant un soutien financier supplémentaire.

L’implication de Spareka dans le développement durable

Réparation d'appareil gratuitSpareka est née pour combattre l’obsolescence programmée en s’imprégnant du rôle d’intermédiaire entre les consommateurs et les fabricants. Les pièces détachées deviennent plus facilement accessibles et la réparation abordable économiquement. Spareka espère qu’avec le temps, les firmes entreront dans un modèle économique de fonctionnalité et que l’obsolescence programmée diminuera et qu’elle disparaisse à termes. Pour rendre cela possible, il faut également que tout le monde puisse être capable de réparer. Ce qui appuiera leur légitimité à vouloir des appareils de qualité.
Les internautes ont accès au capital culturel nécessaire sous forme de vidéos explicatives, de diagnostics de panne, de vues éclatées d’appareils pour mieux les comprendre et d’articles de blog. En mettant en place ces dispositifs, Spareka souhaite démocratiser la réparation et lutter contre la pollution et la production de déchets.

Félicia

*Le contenu de cet article est très réducteur et de nombreux points n’ont pas été développés.

*Dominique Roux : professeur de marketing à l’Université de Reims Champagne-Ardenne
Alain Geldron : expert national Matières Premières, direction Économique Circulaire et Déchets de l’Ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie)
Eva Sadoun : directrice générale de 1001pact, plateforme d’investissement participatif pour financer des entreprises à fort impact environnemental et social
Frédéric Griffaton : président et cofondateur de Mutum, plateforme participative de prêt et d’emprunt d’objets entre particuliers

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